Interview sur Graphivore.be - Juillet 2012


Jean Jacques Procureur : Comment en es tu arrivé à devenir auteur de bandes dessinées ? Raconte-nous ton parcours des origines jusqu'à maintenant...

François Deflandre : Une longue histoire à résumer : je suis né le nez (...) dans les pages de Franquin, Peyo, Tillieux, Hergé, etc. J'ai dû faire mes premières planchettes vers 5 ans. Plus tard, les aléas de la vie m'ont aiguillé davantage vers les arts plastiques et le graphisme, ne me laissant le temps de commettre  que quelques BD en magazines et un album Le Sang des Automates en 1998. Puis vint en 2009 ma rencontre avec Michel Jans des Editions Mosquito qui m'a encouragé à reprendre le flambeau de ma vraie passion, et ce fut l'album Puzzle gothique Un vrai redémarrage pour moi.

Jean Jacques Procureur : Comment a démarré ta collaboration avec les Editions Mosquito pour ce thriller qui se déroule en Toscane ?

François Deflandre : Ca s'est passé en 2 temps : un premier envoi postal du projet, qui lui a "tiré l'oeil" selon ses propres termes mais qui s'est un peu perdu dans les limbes, puis, 2 ans plus tard, une petite piqûre de rappel par mail au moustique et cette fois ça a fait "Tilt". Je crois qu'avec Michel on est vraiment sur la même longueur d'ondes au niveau BD. On l'a constaté dès notre première rencontre à Grenoble. Il est un coach sans pareil, entouré d'une équipe sympa et efficace. Mosquito n'est ni une méga-structure ni une micro-structure, il est sur la médiane et sa dimension humaine et qualitative me convient bien. Cette aventure me permet aussi de côtoyer dans la bonne humeur des monstres sacrés comme Wasterlain ou de rencontrer des auteurs de toutes nationalités puisque c'est un peu la spécialité de Mosquito d'élargir ses horizons bien au delà de la francophonie.

Jean-Jacques Procureur : Pour ce nouvel album "Le Cercle des spectres" peux-tu nous en dire plus sur le scénario et les couleurs ?  

François Deflandre : Après la Toscane caniculaire du premier album, Eloïse affronte cette fois l'hiver angoissant d'une forêt anglaise... Elle est femme de chambre dans la villa d'une patronne très étrange - Kate Colds - et son incorrigible curiosité va la pousser non loin de là, dans les ruines d'un collège british incendié où ont disparu 17 collégiennes et leur directrice. Là Eloïse va aller de surprise en épouvante jusqu'à découvrir le secret sulfureux que cachent les entrailles du pensionnat ... N'en disons pas plus. Toujours sur le mode narratif du "Journal d'une femme de chambre" j'essaye d'y aborder sans tabou le thème des excès et des abus de l'enseignement religieux rigoriste dans ses pires années et ses pires oeuvres, en se basant d'ailleurs sur des faits réels mais aussi en s'inspirant du film allemand de 1931 "Mädchen in uniform" ("Jeunes filles en uniforme"). Sur le plan technique, l'album est entièrement réalisé en couleur directe aux crayons de couleurs "Karisma" sur carton mi-teinte sombre. J'ai voulu ainsi plonger mes planches dans une atmosphère inquiétante et aller encore plus loin dans le fantastique pour cet album qui sortira en septembre 2012.

Jean-Jacques Procureur : As-tu d'autres collaborations prévues dans un futur proche ?

François Deflandre : Pour "Puzzle gothique" j'ai travaillé seul scénario, dessin et couleurs. Pour "Le Cercle des Spectres" ma compagne Natalina Tolu m'a apporté sa précieuse assistance pour la mise en couleurs. Pour le suivant, ce sera idem. En fait j'ai un plaisir quasi égal à scénariser, dessiner et colorer. Je n'envisage pas de collaboration au niveau texte et dessins mais je ne suis pas pour autant fermé à cette possibilité. J'ai déjà reçu des propositions en ce sens.

Jean-Jacques Procureur : Gardes-tu toujours autant d'enthousiasme à travailler dans le monde du Neuvième Art ?

François Deflandre : Depuis que j'ai rejoint l'aventure "Mosquito" j'ai redécouvert cet enthousiasme. Les rencontres avec le public et les professionnels dans les salons et festivals BD sont intéressants. Dans la sphère plus intime, je retrouve toujours intacte la même passion quand je me replonge dans mes bons vieux "Spirou et Fantasio", "Johan et Pirlouit", "Gil Jourdan" ou "Blake et Mortimer" et j'en passe. Mais je dévore aussi beaucoup d'albums d'aujourd'hui avec un vrai plaisir. Je citerai Gibrat, Ponzio, Bec, Bonneau, et j'en passe aussi. La BD est un médium, un moyen d'expression extraordinaire qui brasse et mixe les langages des arts plastiques, de la littérature, du cinéma, tout en créant son propre langage, celui d'un art à part entière.

Jean-Jacques Procureur : D'autres informations sur tes prochains albums à nous divulguer ?

François Deflandre : La prochaine aventure d'Eloïse se passera justement dans le milieu du cinéma qui est mon autre grande passion à côté de la BD. Mes tiroirs sont encore pleins d'autres projets, ce n'est pas le problème. Le problème c'est le temps de les réaliser quand on est comme moi lent et maniaco-perfectionniste ...

Jean-Jacques Procureur : As tu un blog ou un site te concernant ?

François Deflandre : Oui on peut aller surfer sur http://www.francoisdeflandre.com. Le site est assez complet et bien achalandé ... On y trouve des inédits, des planches, des crayonnés, des making of, des repérages photos, un press book, un livre d'or, des vidéos et même un juke box illustré !

Jean-Jacques Procureur : En 2012 tu as des expositions, des festivals ? Peux tu nous en dire un peu plus à ce sujet ?

François Deflandre : Du 3 novembre au 21 décembre 2012, il y aura une expo aux Halles Saint-Géry à Bruxelles, présentant le "making of" des albums "Puzzle gothique" et surtout "Le Cercle des Spectres". En 2012 et 2013, je participerai à pas mal de festivals et d'événements pour le nouvel album en Belgique et en France, notamment à Angoulême, Saint-Malo, Grenoble, etc. La tournée de la caravane Mosquito, c'est quelque chose !

Jean-Jacques Procureur : Ta devise ?

François Deflandre : J'ai envie de répondre en boutade "L'euro" car je me méfie par nature des devises. Je ne suis pas sûr qu'elles se vérifient toujours. Mais bon, ne nous dérobons pas, je choisirais : Tout vient à qui sait attendre ...